En mars 1991, a été lancée Tropic FM, la première radio libre des Comores. Cheikh Ali Bakar Kassim, son fondateur, avait à peine 25 ans lorsqu’il débarque aux Comores en 1983. Pris par l’effervescence de la montée des radios libres en France, depuis que Mitterand a décidé de libéraliser le système FM et mettre fin aux pratiques des radio pirates, le jeune Cheikh Ali est alors révolté de constater que seule la radio nationale émet dans le fréquences comoriennes. Il dépose à l’époque une demande d’autorisation auprès du Ministre de l’information… mais celle-ci est restée sans réponse.
L’arrivée de Said Mohamed DJOHAR au pouvoir en 1991, marque l’avènement de la Démocratie aux Comores. Voilà une occasion en or pour Cheikh Ali, de relancer son projet, et ainsi la première radio libre des Comores verra le jour. Les débuts de l’aventure Tropiques FM semblaient difficiles, pour celui qu’on reproche d’être l’objet de manipulations d’une puissance étrangère pour déstabiliser son propre pays. Pour certains, il est impensable qu’un jeune dispose de moyens colossaux pour monter sa propre chaine.
Cheikh Ali, avait créé au début des années 1980, la boite de nuit Volo-Volo, un véritable succès qui va lui permettre de ressembler les moyens pour lancer sa propre radio. Alors qu’il disposait déjà du matériel nécessaire, il va miser 1 million et 500 mille de nos francs pour acquérir antenne et émetteur hertzienne. La population avait accueil la nouvelle radio avec enthousiasme, celle qui émettait de Moroni jusqu’à Ndzaouzé (à l’entrée de Mitsamiouli) au nord, et au sud jusqu’a Singnani dans la région de Hambou, entrera rapidement dans la culture populaire. Ce sera le début d’une série d’ouverture de radios dites libres et/ou communautaire.
Plusieurs jeunes vont rejoindre la radio libre, certains évolueront plus tard à la radio nationale et d’autres médias alternatifs. La radio qui ne diffusait au départ que de la musique, va commencer à réaliser des émissions et surtout à produire son propre journal avec le regretté Hadji Hassanaly comme rédacteur en chef, et Radja à la présentation.
C’est désormais le début d’une longue série d’arrestations et de séjours en prison pour le fondateur. Celui qui comptabilise presque 3 ans d’emprisonnement, reparti sur des séjours de 2, 3 ou 6 mois, voir plus. Il y’a eu entre autres, beaucoup de fermetures de la radio, mais les arrestations temporaires et le saisi du matériel, ne vont pas décourager Cheikh Ali Bacar Kassim, qui se démêlait pour relancer à chaque fois la radio. Les autorités de l’époque lui reprochent également de n’avoir pas formulé une demande d’autorisation, ce à quoi il évoque sa requête du débuts des années 1980.
A l’arrivée des gouvernements des îles autonomes depuis le fondement de l’Union des Comores….l’élection de Mzé Soulé Elbak à la présidence de Ngazidja voit Cheikh Ali Bacar Kassim rejoindre l’exécutif de l’île. A cette époque, le fondateur de Tropique FM considère que la radio avait rempli son objectif,le pays comptait désormais une vingtaine de radios… Il décide alors de faire don de son matériel à l’île de Ngazidja. La création de Radio Ngazidja sonnera la fin de la toute première radio libre de l’archipel.