Né à Ntsoudjini vers 1942, il est l’arrière-petit-fils de Fu Mbavou, grand frère de Msa fumu. Son père, Ahmad Maoulana, a été l’un des imam qui ont marqué l’histoire de la ville de Ntsoudjini. A 7 ans, il voyage pour la Tanzanie où il est accueilli par son oncle Said Moustoifa bin Djaffar, Il étudie au Comorian school puis au Muslim Academy. Il s’est distingué à travers son intelligence et sa facilité d’apprentissage. Il intègre la prestigieuse Université Al-Azhar du Caire, bénéficiant d’une bourse de l’Etat égyptien, il étudia le droit et la loi islamique à la faculté de droit.
Son éloquence l’a amené à animer et participer à des débats sur l’islam et le monde. Etudiant, Il a pris la parole lors d’un grand rassemblement au Caire, en présence du président égyptien Gamal Abdel Nasser. Il sortira de l’Université Al-Azhar avec un diplôme de master en Usul’LFikhi, il reste l’un des premiers comoriens diplômés de la prestigieuse université égyptienne Azhar ch-charif. Son séjour d’études au Caire lui a permis de s’ouvrir au monde, mais aussi faire la connaissance de plusieurs personnes de différentes nationalités qui deviendront, plus tard, des personnalités politiques et religieuses importantes.
Il se rend ensuite en Ouganda, Zanzibar, Majunga, avant de rentrer aux Comores en 1967, accueilli chaleureusement par une foule en présence du président Said Mohamed cheikh et du prince Said Ibrahim. Professeur d’enseignement moral et de langue arabe au Lycée de Moroni, il sera nommé conseiller en droit islamique au tribunal de grande instance de Moroni, avant de devenir inspecteur pédagogique pour le compte du ministère de l’éducation nationale. Au début des années 1990, Said Toihir Said Ahmad Maoulana prend la tête du Madjliss Al-Ulamaa, le haut conseil des Ulemas. Son amour pour la religion et son intérêt porté au développement de l’archipel, ont séduit le président Mohamed Taki Abdoulkarim qui le nomme, en 1998, Grand Mufti des Comores. De sa carrière d’enseignant au poste de Mufti, Said Toihir a eu des relations privilégiées avec les gouvernements et présidents successifs des Comores, des années 60 jusqu’à sa mort en 2020.
Sa voix aura marqué plusieurs générations à travers ses interventions publiques dans les villes, mosquées, et lors de ses habituelles émissions radiophoniques où il enseignait les valeurs de l’islam. De son vivant, il n’a cessé d’apprendre, actualiser et renforcer ses connaissances dans un monde en perpétuelle évolution. Il tirait profit de son temps pour lire et aussi écrire. Sa connaissance de la société comorienne lui a permis de s’intéresser au problème foncier, la justice, les traditions comme le Anda na mila. Ses séances de traduction du coran, tous les mois de ramadan à la mosquée de Ntsoudjini, étaient devenues un rendez-vous annuel incontournable pour l’ensemble des comoriens, de l’intérieur comme ceux de la diaspora. “Fundi Toihir” portait un intérêt particulier à un islam tolérant, prônant le dialogue et le respect. Il a combattu l’extrémisme et défendu ses convictions avec détermination, notamment sur les théories liées à l’innovation relative au culte musulman.
Le 8 avril 2020, le président Azali Assoumani, visiblement attristé, annonce à la télévision nationale, le décès de Said Toihir Said Ahmad Maoulana Jamalul’layli, la première personnalité religieuse des Comores, survenu à l’hôpital El-Maarouf à Moroni. Il est enterré le 9 avril au cimetière royal de Ntsoudjini. Un deuil national de 3 trois jours a été décrété et le drapeau comorien mis en berne, pour rendre hommage à l’un des éminents érudits de l’histoire des Comores.