La Chambre des Députés proclame l’indépendance unilatérale des Comores

Nous sommes le dimanche 6 juillet 1975, la Chambre des Députés se réunit en session extraordinaire. Ahmed Dahalane, Président de la Chambre, ouvre la séance et donne la parole à Ahmed Abdallah Abderemane, Président du Gouvernement, qui revient sur l’historique des négociations avec la France, les actions entreprises pour l’indépendance depuis 1973. 

Dans son discours introductif, le président Abdallah a critiqué également la duplicité de langage de la France et considère que la loi du 3 juillet 1975 est inacceptable dans la mesure où elle ne tient pas compte des résultats du referendum du 22 décembre 1974. 

Ahmed Dahalane reprend la parole et demande aux Députés de voter à haute voix « POUR OU CONTRE L’INDEPENDANCE IMMEDIATE » des Comores. On peut noter que les 5 députés du MPM qui représentaient Mayotte n’ont pas assisté à cette séance extraordinaire. Seuls 33 députés présents, sur les 39 qui composaient la chambre, se sont prononcés en faveur de l’indépendance. 

Le Président de la Chambre annoncera ensuite les résultats du vote et lit la déclaration d’indépendance. Sous les applaudissements des Députés et du public, Ahmed Abdallah Abderemane marque ce moment historique et proclame l’INDEPENDANCE UNILATERALE DES COMORES. 

Visiblement surpris par cette déclaration de la Chambre des Députés, le Représentant de la France aux Comores, Henri Beaux, déclare l’état d’urgence et instaure un couvre-feu sur l’ensemble du territoire. Ces mesures sont levées quelques heures après, sur décision de Paris. Dans les heures qui ont suivi la proclamation d’indépendance, toute la classe politique comorienne, du pouvoir comme de l’opposition, s’est réfugiée à Beit-Salam, craignant des mesures de représailles de la part de la France. 

La déclaration d’indépendance surprend la communauté internationale. C’est une victoire pour tous les comoriens, le fruit de plusieurs années de combats menés aux Comores et sur le plan international par le Molinaco, le Pasoco, Pec, le FNU et l’Udzima, entre autres. et par les citoyens anonymes et les mouvements indépendantistes qui criaient depuis des années « Mkolo nalawe ». 

Pour l’accession des Comores à l’indépendance, l’histoire retiendra les efforts fournis par les militants du Molinaco au premier rang desquels on trouve Abdou Bakar Boina, Youssouf Abdoulhalik, Ali Mohamed Chami, Sakina Ibrahime, Youssouf Ali Alwahti, 

A Anjouan, Ahmed Said Ali dit « Studio Med », Abdou Zakaria et Ismael Moushtadi ont conduit une conscientisation immense sur l’ensemble de l’île. 

A Moheli, le mouvement indépendantiste est porté par Mohamed Fazul du Pasoco et épaulé par Salim Djabir, Abdou Ahmed et Ansane Soilihi, entre autres. 

A Mayotte, les partisans de l’indépendance appelés « serrez-la-main » ont mené un combat difficile face aux « Soroda » les anti-indépendatistes soutenus par des formations d’extrême-droite en France. 

La grève des lycéens en 1968 conduite par Moustoifa Said Cheikh, Mohamed Said Abdallah Mchangama, Aboubacar Said Salim aura éveillé les consciences et joué un rôle important dans la prise de conscience collective des jeunes comoriens. 

La diaspora comorienne aura apporté une contribution considérable. En France, l’ASEC sensibilise et mobilise les jeunes étudiants, pendant que les communautés comoriennes basées en Tanzanie et à Madagascar interpellent les organisations continentales sur la nécessité de soutenir la décolonisation de l’archipel 

L’implication et la sagesse de Mouzaoir Abdallah, Abdallah Houmadi, Ali Mroudjaé, Abida Ali Chebani, Said Hassane Said Hachim, Ali Msa, Mohamed Ali Mbalia Salim Hadji Himidi, Said Ali Said Ahmed, Ali Toihir, Hadidja Sabil, Youssouf Abdoulmadjid, entre autres, ont marqué à jamais les esprits des comoriens. 

A toutes ces personnes, hommes et femmes, qui, à des manières différentes, ont contribué à ce combat de libération, les Comores sont reconnaissantes. 

Le 6 juillet 1975, Ahmed Abdallah Abderemane devient le père de l’indépendance et premier Président des Comores indépendantes. Ce sera le début d’une nouvelle ère remplie d’espoir et d’une lutte engagée pour l’unité, la stabilité et le développement de l’archipel.

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