A ce jour, nous consacrons ce numéro au rôle et au combat mené par des femmes comoriennes au processus vers l’indépendance.
Au début des années 60, l’avènement du collège et du lycée accélère la scolarisation des filles et favorisera l’engagement des femmes dans les luttes sociales et le militantisme politique. La plupart des premières femmes instruites étaient des sages-femmes, des institutrices ou des secrétaires dactylographes. Certaines avaient décidé de s’engager dans une lutte pour la libération des Comores du pouvoir colonial.
Sakina Ibrahime est la première femme qui a pris part au combat en adhérant au Molinaco dès son arrivée en Tanzanie au début des années 60. En juillet 1963, Madame Sakina Ibrahime accompagne le président du Molinaco à Pekin sur invitation du Comité chinois de Solidarité afro-asiatique. Elle prendra part à la visite des femmes afro-asiatiques en chine et rencontrera, à cette occasion, le premier ministre chinois Zhou Enlai.
Dès sa création, le parti Molinaco appelle les comoriens à s’engager dans la lutte pour l’indépendance. Dans les régions, les adhésions se font dans la clandestinité et parmi les plus connus des adhérents, l’on peut citer de nombreuses femmes dont Mwana Bweni d’Iconi, Hadidja Sabil de Mtsapéré à Mayotte, entre autres.
En 1968, plusieurs jeunes femmes militent et sont au premier plan de la contestation lycéenne contre le pouvoir colonial. La grève des lycéens de 1968 propulse des femmes aux avants postes de l’action militante. Elles seront plus tard au cœur du militantisme révolutionnaire lancé par l’ASEC (Association des Stagiaires et Étudiants des Comores en France) et le mouvement « Msomo wa Nyumeni ».
Pour contrer la montée en puissance du mouvement indépendantiste, l’administration coloniale lance une campagne d’intimidations et emprisonne, en février 1969, plusieurs leaders du Molinaco. Parmi les détenus, une femme. Madame Rabiata Mohamed une des militantes du Molinaco originaire de Duniani dans la région de Mbude. Plusieurs observateurs s’accordent à dire que c’est la première femme qui a fait l’objet d’incarcération dans une prison aux Comores.
Après la mort du Président Cheikh en 1970, le mouvement indépendantiste progresse avec notamment la venue du parti PASOCO (Parti Socialiste des Comores) et du PEC. Nous pouvons citer Madame Peramanga originaire de Ntsudjini, membre du Pasoco et d’autres nouvelles voix feminines qui s’imposent sur la scène politique. Aux élections législatives de 1972, Madame Abida Ali Chebane est candidate du parti Pasoco. Ce sera la première candidature féminine à une élection.
Elles seront rejointes dans le combat politique par Latufa Said Toihire du « parti blanc » et Fatima Abdallah du « parti vert ».
Votre émission Archives des Comores saisit cette occasion aujourd’hui pour rendre hommage à toutes ces femmes qui, aux Comores ou depuis l’étranger, ont joué un rôle considérable à la libération et à la marche vers l’indépendance.