Djimbo est un groupe de musique crée par Danny Nadhir et Abou Daniel. Ces derniers ont grandi dans un environnement très marqué par la musique. Leurs parents étaient en effet musiciens au sein de Saif El Watwan et de Twama, deux groupes célèbres qui ont marqué l’histoire musicale des Comores. Partis des Comores au début des années 80, Danny Nadh et Abou s’installent à Nantes en France et créent le groupe Ego avec des musiciens français et antillais. En 1984, les deux jeunes garçons, natifs de Mutsamudu à Anjouan, ont eu l’idée de mettre en place un groupe comorien, lorsqu’ils reçoivent en France leurs frère et amis Halidi, Charmane, Cossy et Riva, entre autres. Ils forment ensemble le groupe Djimbo. En mai 1984, ils montent sur scène à Angoulême, ce sera leur premier concert.
En été 1984, suite à un concours organisé à Paris, ils obtiennent un contrat d’une année au Tremplin de la Chapelle de Lombard, une célèbre discothèque basée à la Bastille. En 1986, le groupe entre en Studio et enregistre Hakara, son premier album avec 8 titres dont Mama Lelewo et Usoni. À la fin des années 80 et sur fond de tensions entre les membres, Abou Daniel, l’un des fondateurs, quitte Djimbo et crée son propre groupe Ngawa.
Djimbo continue son aventure et a réussi à s’imposer dès la sortie du premier album. En 1990, le groupe décroche le 1er prix de la Sacem à la foire internationale de Nantes. En janvier 1992, dans leur deuxième album “Linga Music”, ils chantent “Na democracy”, une des célèbres chansons du groupe, sortie au lendemain de l’avènement de la démocratie aux Comores. La même année, Le groupe Djimbo entame une tournée internationale et participera à plusieurs festivals en Allemagne, aux pays bas, en Belgique, en France et à la Réunion. Les membres du groupe vont rencontrer Xavier Gélain qui choisit la chanson “Na democracy” pour son film “coup de jeune” , aux côtés des musiques du célèbre Vladimir Cosma.
En juillet – aout 1992, le groupe entame sa première tournée aux Comores. À Moroni, les comoriens vont découvrir des artistes hors pairs avec un style original inspiré de la culture rastafari. Le jour de leur arrivée, à cause de leurs locks ils seront retenus à la gendarmerie pour une garde à vue de 10h. Ils seront relâchés et ont pu se produire à Moroni, Mitsamiouli, Mutsamudu, Domoni et Ouani. A Pamandzi à Mayotte, après un premier concert en aout 1992, Djimbo interrompt brusquement sa tournée. Le préfet de Mayotte demande aux membres du groupe de quitter expressément l’île, jugeant que leur présence provoque un désordre public, du fait de leur popularité mystérieuse à Mayotte. Pendant la tournée aux Comores, le groupe a eu une collaboration avec l’artiste Hass Mosa qui fondera plus tard le groupe de reggae Djama en 1993, avec Riva.
En décembre 1994, le groupe Djimbo représente les Comores à l’île Maurice et remportent le 1er Prix du meilleur groupe, meilleure chanson de l’Océan Indien, avec le titre Usoni. Cette consécration aura permis au groupe, entre autres, d’enregistrer le clip “Na democracy” avec RFO en 1995. Inspiré des rythmes traditionnels des Comores et des sonorités du monde, le groupe chantait pour éveiller les consciences. Les paroles de ses chansons parlent beaucoup d’unité, de liberté, de droits de l’homme, d’amour mais aussi de promotion de la culture comorienne.
Le titre “Massiwa” a marqué plusieurs générations, il rappelait aux comoriens des quatre îles la nécessité de préserver la paix et l’unité nationale A travers la musique, le groupe Djimbo a dénoncé la discrimination raciale, les conflits armés et ses innombrables conséquences sur le continent africain. Les auteurs de “Assiliya U Moina” n’ont pas manqué de faire la promotion de l’éducation des enfants et de l’épanouissement de la jeunesse.
En 1995, des tensions et des divergences ont éclaté au sein du groupe et ont poussé Halidi Daniel, un des leaders, à tourner le dos à ses coéquipiers. Cette séparation a fragilisé le groupe Djimbo, des aventures solo ont été lancées et des collaborations ont vu le jour. Les deux frères Daniel concrétisent quelques projets ensemble avec notamment la sortie de «Tsass». Le groupe Djama se renforce et accueille en son sein Halidi Daniel.
Danny Nadh, quant à lui, a continué tant bien que mal l’aventure Djimbo et a sorti en 2000 et 2011 les albums “Africa Ndzima” et “Mimi na wéwé”, avec des rythmes traditionnels des Comores. 35 ans après la création, les chansons du groupe mythique continuent de bercer les générations. Du fait de leur attachement à la musique, l’on pourrait espérer un retour prochain des enfants de Mutsamudu sur la scène.